Étude de cas : “Fait au Manitoba : intégrer l’action climatique à la gestion des actifs”

Contexte 

La municipalité régionale (MR) de Dufferin est une petite collectivité rurale située au sud-ouest de Winnipeg. La MR compte environ 2 500 habitants et couvre une superficie d’environ 916 kilomètres carrés. La MR de Dufferin abrite des agriculteurs, des entreprises agroalimentaires et la ferme de recherche Ian N. Morrison de l’Université du Manitoba.

La MR de Dufferin n’est peut-être pas une grande municipalité et ne dispose pas de beaucoup de ressources, mais elle prend des mesures pour intégrer l’action climatique et la gestion des actifs.

L’importance des changements climatiques

La collectivité de la MR de Dufferin subit les conséquences des changements climatiques. Elle a connu des inondations, des sécheresses et des tempêtes de neige qui ont coupé l’électricité pendant plusieurs jours. Il est reconnu que les conditions qui ont une incidence sur la prestation de services évoluent et qu’il est prudent de les reconnaître en vue de planifier et d’agir en conséquence.

L’approche

La MR de Dufferin commence tout juste à prendre en main la gestion des actifs. Le personnel s’est rendu compte de l’importance, pour une petite équipe, de mettre en place des processus de gestion des actifs afin d’assurer une bonne relève lorsque des personnes possédant une grande connaissance des infrastructures et des opérations partent à la retraite. Grâce au Programme de gestion des actifs municipaux de la FCM, la MR a pu obtenir une subvention pour engager des consultants afin d’élaborer une politique et une stratégie de gestion des actifs.

Reconnaissant l’occasion de poursuivre son parcours de gestion des actifs, la MR s’est également inscrite pour participer à la Cohorte d’action climatique du Canadian Network of Asset Managers au cours de l’été 2022. Comme la gestion des actifs représente un concept nouveau pour bien des gens, le personnel ne savait pas comment s’y prendre pour commencer à intégrer les considérations climatiques dans sa gestion des actifs. Cependant, il reconnaissait l’importance de cette intégration pour renforcer la résilience et savait qu’il fallait bien débuter quelque part. « Au départ, la moitié de l’équipe était du personnel administratif, et l’autre moitié, du personnel des travaux publics. On avait peu d’expérience. Nous avons reconnu que les changements climatiques nous posaient des problèmes et, même si nous allions probablement être dépassés, nous avons estimé que cette participation nous aiderait à nous organiser et à travailler en équipe. Elle nous aiderait à accroître notre base de connaissances et à nous familiariser avec le langage. »

Les défis

Puisqu’elle a participé tôt à la Cohorte d’action climatique, l’équipe a été accablée par la tâche et ne se sentait pas dans son élément. La MR et son équipe comptaient peu de membres par rapport aux autres participants, et les contextes relatifs aux changements climatiques et à la gestion des actifs étaient très différents. Le personnel avait l’impression d’avoir bien du retard comparativement aux autres municipalités qui ont pu investir davantage de ressources humaines et financières dans l’élaboration de leur approche de la gestion des actifs et la compréhension des conséquences des changements climatiques. En raison de ce sentiment, à la mi-parcours, l’équipe a envisagé de se retirer du programme. Finalement, elle a décidé de poursuivre sa participation à la Cohorte et de s’appuyer sur la stratégie de gestion des actifs qu’elle avait précédemment élaborée. L’étape suivante de sa stratégie consistait à structurer les niveaux de service. Le personnel a décidé de faire un essai avec les routes de gravier, et de mettre en œuvre les enseignements tirés de la Cohorte pour faire ses premiers pas simultanément dans l’intégration des changements climatiques.

Cette première étape a consisté à discuter avec le personnel des travaux publics de toutes les activités actuelles liées à l’entretien des routes de gravier. Au cours de cette discussion, le personnel a pu établir des liens directs entre les activités d’exploitation telles que le déneigement et le déglaçage et les conséquences potentielles des changements climatiques. Des outils de soutien tels que le modèle de niveaux de service de l’Alberta Asset Management Handbook and Toolkit et le site Web climatedata.ca ont aidé la MR à suivre les étapes suggérées pour définir les niveaux de service et à accéder à des données climatiques propres au contexte. Le personnel a pu discuter de la nécessité de disposer de stratégies différentes en matière d’exploitation et d’entretien en raison des changements climatiques (p. ex. l’endroit où la neige déblayée est entassée en cas de réchauffement soudain au printemps, ce qui peut entraîner des inondations). Les discussions sur les niveaux de service et les liens pratiques avec les changements climatiques ont joué un rôle déterminant pour changer le point de vue des membres de l’équipe. Dans son ensemble, la gestion des actifs peut être accablante, mais lorsqu’on la décompose, on peut simplifier les étapes en éléments plus faciles à gérer.

Le personnel de la MR est peu nombreux, ce qui pose des problèmes en matière de prestation de services. En raison de la petite taille de leur équipe, les membres ont une très bonne compréhension de la manière dont les services sont fournis, depuis l’exploitation jusqu’à la planification des immobilisations. Pour l’équipe, il s’agit d’un privilège plutôt que d’une obligation. « L’un des avantages d’être une collectivité et une équipe de gestion des actifs de petite taille est que notre perspective est fondée sur notre passion pour notre collectivité et la satisfaction des besoins de ses membres, plutôt que sur notre formation et notre préparation pour accomplir le travail pour lequel nous avons été embauchés. Étant donné que nous sommes si peu nombreux, nous pouvons tout faire : il n’y a pas beaucoup d’endroits, en dehors des petites villes, où l’on peut tout faire. Nous voyons tout, de la base au sommet. » Cette perspective est essentielle pour réussir à composer avec des contraintes budgétaires. Les petites municipalités sont plus sensibles à l’utilisation la plus efficace possible des ressources en matière de temps et d’argent.

Les résultats 

La perspective de la MR de Dufferin sur le progrès a changé : elle n’est ni en avance ni en retard par rapport aux autres municipalités. Elle suit son propre parcours en matière de gestion des actifs et de changements climatiques, tout simplement. Une fois que l’équipe a cessé de comparer son contexte à celui des autres et s’est concentrée sur ce qu’elle pouvait apprendre des autres, elle a été en mesure de réaliser des progrès et de les maintenir.

La participation du personnel des travaux publics dans la documentation des niveaux de service actuels a également permis d’accélérer les progrès en ce qui concerne l’intégration des considérations climatiques et la gestion des actifs. « À un moment donné, un déclic s’est opéré pour notre personnel des travaux publics. Les membres ont compris à ce moment-là. Ce n’était plus quelque chose qu’ils devaient faire, mais quelque chose qu’ils faisaient déjà. » (Sharla, ~9 min). Le travail effectué par la MR pour documenter les premières ébauches de niveaux de service a suscité l’intérêt du personnel des travaux publics. Le travail de simplification des premières étapes et d’établissement de liens entre la gestion des actifs et ce que le personnel des travaux publics fait déjà a favorisé un changement de perspective quant à l’importance de la gestion des actifs. Le personnel des travaux publics a pu constater que les questions qu’il se pose lorsqu’il prend des décisions en matière d’exploitation et d’entretien (p. ex. « l’enseignante peut-elle se rendre à l’église le dimanche avec sa Volkswagen en plein mois de février? ») étaient déjà une façon de considérer les niveaux de service.

Les prochaines étapes pour la MR de Dufferin

Le changement de perspective consistant à décomposer la gestion des actifs en éléments plus petits et à poser des questions liées aux changements climatiques en cours de route a suscité la curiosité et l’enthousiasme du personnel. Le fait de réaliser que « ce n’est pas une corvée » a été une source de soulagement et d’énergie pour cette petite équipe. « Nous disposons désormais des outils nécessaires pour comprendre où nous allons et comment aller de l’avant. »

Le processus de documentation des ébauches de niveaux de service a également été lié à la nécessité d’officialiser les renseignements fournis au conseil lors de l’élaboration des plans et des budgets d’infrastructure et d’exploitation. Le personnel comprend maintenant que le fait d’aider le conseil à établir un lien entre les projets et leur incidence sur le maintien des niveaux de service est une information essentielle dont il a besoin pour prendre de bonnes décisions en matière de compromis. En ce qui concerne son parcours lié à la gestion des actifs, la MR affirme : « Nous en sommes encore au stade où nous avons besoin d’aide. Nous travaillons encore à la mise en place. Notre objectif principal est de continuer à progresser. »

Conseils aux autres petites municipalités qui commencent leur parcours

« Commencez quelque part, n’importe où! Cela peut paraître simple, mais faites le premier pas. Cette première étape sera différente pour tous, car nous sommes tous différents. Peu importe, il faut choisir quelque chose et commencer. Il n’y a pas de mauvaise réponse. »

Cette initiative est proposée dans le cadre du Programme de gestion des actifs municipaux (PGAM), mis en œuvre par la Fédération canadienne des municipalités (FCM) et financé par le gouvernement du Canada.